Informations sur les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles apparentés tout au long de la vie
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOCS) sont le quatrième trouble mental le plus fréquent et l’une des dix principales causes d’incapacité médicale dans le monde (Organisation mondiale de la santé, 1999). La prévalence combinée des TOCS et des troubles apparentés chez les enfants, les adolescents et les adultes est estimée à environ 5 % de la population générale. Les TOCS sont associés à une grave souffrance émotionnelle et peuvent sérieusement affecter tous les aspects de la vie de la personne qui en souffre : capacité à aller à l’école ou au travail, soins personnels et soins aux proches, relations familiales et interpersonnelles, qualité de vie et utilisation des ressources de santé mentale.
Un traitement efficace, spécialisé et rapide est nécessaire pour éviter des souffrances inutiles et une progression vers l’invalidité. Les recherches phénoménologiques, neurobiologiques, génétiques et les résultats des recherches de traitements indiquent que les TOCS sont distincts des troubles anxieux et autres troubles en termes de psychopathologie et de besoins de traitement.
Exemples communs de symptômes de TOCS:
Les personnes atteintes de TOCS rapportent fréquemment souffrir d’une combinaison de symptômes. Certains individus éprouvent une peur extrême de la maladie et de compulsions de nettoyer ou de se laver de façon excessive afin de “se sentir propre”. L’action de se laver à l’excès peut aussi être reliée à un sentiment que les autres ou soi-même sont “contaminés” ou “dégoûtants” sans la présence de la peur de la maladie. D’autres individus avec des TOCS ressentent une impression de responsabilité démesurée quant à la possibilité qu’il puisse être la cause d’un malheur les obligeant à faire de multiples vérifications afin d’éviter un désastre tel qu’un feu ou une inondation. Il y a aussi les TOCS en rapport avec la symétrie, l’ordre et la précision nécessitant la redisposition d’objets et d’autres rituels jusqu’à ce que la personne atteinte soit d’avis que les choses sont comme “elles doivent être” ou jusqu’à ce qu’elle “se sente bien”.
Les difficultés liées à l’importance excessive et au contrôle excessif des pensées peuvent être associées à des rituels cognitifs tels que le remplacement d’une pensée perçue comme “mauvaise” ou nuisible par une pensée perçue comme “bonne.” Des mécanismes comme la “pensée magique ” et le “thought-action fusion” impliquent l’apparition de pensées irréalistes à l’effet que de simplement avoir en tête certaines idées ou images peut favoriser l’arrivée des événements appréhendés. Il se produit alors un phénomène faisant en sorte que les impressions ou les émotions d’un individu sont perçues comme réelles. Le “raisonnement émotionnel” signifie que les sentiments sont perçus comme étant des preuves: “Si je me sens anxieux, c’est qu’il doit y avoir un danger. ” (Arntz, Rauner, & van den Hout, 1995).
Environ 25% des individus avec des TOCS mentionnent qu’ils n’ont pas de rituels manifestes dans leur comportement, mais seulement des obsessions accompagnées de compulsions mentales. La teneur des obsessions varie grandement, toutefois elles sont souvent en lien avec des thèmes de malheur, de religion, de violence ou de sexe. Par exemple, un enfant peut éprouver de la difficulté à aller à l’école en raison de pensées envahissantes où ses parents tombent malades ou sont impliqués dans un accident.
La plupart des personnes atteintes sont conscientes que leurs peurs sont excessives, mais malgré cela elles sont incapables de résister à leurs compulsions qui ne font qu’aggraver et maintenir leurs TOCS.
Les troubles associés aux TOCS comprennent la Trichotillomanie et la Dysmorphie corporelle. Les personnes atteintes de cette dernière maladie ressentent une insatisfaction et une préoccupation concernant certaines caractéristiques de leur apparence physique de même qu’une sensibilité interpersonnelle, de l’inconfort ou de l’évitement et des compulsions de vérification (Phillips, 2005). Des cas sévères de dysmorphie peuvent même entraîner des chirurgies inutiles. Il faut aussi mentionner l’amassement compulsif (Mataix-Cols, et al., 2010) qui consiste à éprouver de la difficulté à se débarrasser d’objets et à accumuler de façon excessive des biens allant jusqu’à nécessiter, dans certains cas sévères, l’intervention des autorités municipales ou du service d’incendie afin de contrôler une situation potentiellement dangereuse pour la santé ou le feu.
Traitement des TOCS:
Le traitement des TOCS appartient à un champ de pratique spécialisée. Les normes de pratique fondées sur des données probantes indiquent que le traitement de première ligne pour les enfants, les adolescents et les adultes souffrant de TOCS est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) spécialisée, avec les interventions essentielles de l’exposition et de la prévention de la réponse (ERP): l’exposition (faire face à la peur) combinée à la prévention de la réponse (ne pas faire de compulsions pour soulager la détresse).
Des stratégies de thérapie cognitive spécialisées ont été mises au point pour traiter les difficultés liées aux symptômes caractéristiques des TOCS, telles que les croyances concernant l’importance et la nécessité de contrôler les pensées, la surestimation de la menace, la vulnérabilité perçue, le sens excessif des responsabilités, le besoin de certitude, l’intolérance aux sentiments de détresse ou de dégoût, la peur de la prise de risque et les comportements de sécurité.
La thérapie cognitive vise à aider la personne souffrant de TOCS à réagir de manière adaptée aux pensées et aux sentiments angoissants, à résister à l’envie d’accomplir des rituels cognitifs et comportementaux et à réduire l’évitement des situations redoutées. Ces stratégies visent à améliorer la capacité de l’individu à participer davantage au traitement spécialisé, notamment aux “expériences comportementales” et/ou aux exercices d’exposition et de prévention de la réponse effectués avec le thérapeute à son cabinet et en situation réelle, tel qu’à la résidence du patient ou à son travail (e.g., Wilhelm & Steketee, 2006).
Une variété de stratégies spécialisées pour les sous-types de symptômes de TOCS (e.g., lavage, vérification, obsessions seulement, etc.) est disponible pour créer une nouvelle expérience d’apprentissage, d’identifier et de réévaluer les pensées et les peurs irréalistes, de modifier la signification de ses expériences intérieures de menaçantes à bénignes (Bream, Challacombe, Palmer et Salkovskis 2017), de pratiquer de nouvelles compétences et d’accroître la confiance en soi et la résilience.
Les interventions spécialisées de TCC pour les TOCS font référence au contenu, au processus, à la durée et au lieu (e.g., “naturaliste”) de multiples interventions spécialisées qui traitent des caractéristiques spécifiques des sous-type de TOCS, et qui se distinguent des interventions de TCC développées pour les troubles anxieux ou pour d’autres troubles (e.g., Sookman, 2016).
Des recherches contrôlées ont démontré que la thérapie cognitive comportementale spécialisée pour les TOCS est aussi efficace seule que lorsqu’elle est combinée à la prise d’une médication, de plus ses effets sont plus considérables et plus durables que la prise seule d’une médication (e.g., Simpson et al., 2008, 2013). Le taux de rechute après l’arrêt de la médication seule est plus élevé que celui de la TCC combinée à la médication. Cependant, les médicaments peuvent être très utiles et sont nécessaires pour de nombreux individus en combinaison avec une TCC spécialisée. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) constituent la pharmacothérapie de premier choix pour les TOCS.
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Dans la mesure du possible, il est recommandé que les TOCS soient traités par un professionnel spécialisé dans le traitement des TOCS ou dans une clinique spécialisée en la matière où l’expertise et les ressources se concentrent sur ce trouble. Cette recommandation s’applique sans égard à l’âge de la personne atteinte, à la sévérité de son cas ou à la nature de ses symptômes ou en présence de comorbidité avec d’autres troubles.
La recherche clinique indique que, pour plusieurs individus, le pronostic de guérison des TOCS suivant un traitement spécialisé est excellent. Il est avéré qu’un traitement a réussi lorsque l’individu est capable d’exécuter des exercices d’exposition et deprévention de la réponse, qu’il ne ritualise plus, qu’il ne s’engage pas dans l’évitement lié au TOCS et qu’il a appris des stratégies alternatives cognitives, émotionnelles et comportementales adaptatives afin d’affronter des événements intérieurs et extérieurs auparavant perçus comme menaçants. Des critères d’évaluation de la récupération des symptômes après le traitement ont été proposés (e.g., Sookman & Steketee, 2010, Mataix-Cols et al., 2016).
Ces informations font référence aux TOCS en général. Afin de déterminer le traitement indiqué pour chaque individu, il est conseillé de consulter son médecin qui au besoin recommandera une consultation auprès d’un professionnel spécialisé dans le traitement des TOCS.
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